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LE “ET” ET LE “OU”

Depuis notre enfance, l’on fait des choix pour nous, nous indiquant ainsi cette nécessité de faire les nôtres à l’âge adulte.. Certes ceux-ci s’imposent naturellement dans certaines circonstances, à titre d’exemple, il ne m’est pas possible d’être physiquement dans deux endroits en même temps.


Mais ces choix semblent devenus avec le temps presque des injonctions. Nous devons choisir au nom d’une norme, d’un contexte, du bien d’autrui etc…. On en oublierait presque que ne pas choisir est déjà un choix !


Le ET n’est pas permis, seul le OU s’impose.


Le ET devient culpabilisant, infantile voire possiblement pathologique.


Or, je m’interroge, je nous interroge


N’avons-nous pas dans certaines circonstances, éclaté d’un rire tonitruant et bienfaisant pour fondre en larmes l’heure qui suit ?


Ne nous est-il jamais arrivés de nous lever d’humeur chagrine pour découvrir une matinée des plus ensoleillées ? A contrario, n’avons-nous jamais connu de ces réveils paisibles et « entreprenants » pour sentir ce même jour un sentiment d’inutilité et de tristesse ?


Le ET dans ce cas est parfois interprété, étiqueté, malmené. Je me souviens avoir entendu en consultation, une femme m’interroger sur les réactions de son entourage, ce dernier s’inquiétant chez elle d’une possible bipolarité !


Dans d’autres circonstances, le choix est un ordre : « c’est lui ou moi » pour l’exemple.


Quid alors de mon choix de ne pas choisir ? Pourquoi ne laisserai-je pas à l’autre sa responsabilité de faire ce choix qu’il m’ordonne ?


Je peux aimer quelqu’un ET lui en vouloir à la fois, je peux être joyeux (se) ET triste, je peux choisir d’être végétarien€ Et succomber à un steak, je peux choisir un autre chemin ET resté (e) ce que je suis.


Parfois même nous pouvons faire l’expérience du « rien », ni dans ce Et ni dans ce OU, là sans y être, ni joyeux ni malheureux et qui nous fait nous interroger : que m’arrive-t-il ?


Il n’y a selon moi rien de plus terrifiant que ces certitudes qui nous enferment dans un rôle qui un jour ne nous sied plus, qui nous empêchent d’écouter ce que l’autre a à partager et nous interroger sur la légitimité de nos émotions.


Ne pas se renier c’est chercher tout au fond de soi, ce qui correspond non seulement à nos valeurs, mais aussi accueillir cette sensibilité qui nous fait tressaillir parfois dans nos comportements. C’est accepter notre humanité dans tous ses questionnements, ses imperfections, ses revirements.


C’est ainsi donner aux autres la permission de faire de même, de les accepter eux aussi dans ce qui nous apparaît parfois incohérent.


C’est donc tenter de s’abstenir de juger rapidement, à la condition bien sûr que cet autre s’abstienne de s’ériger comme maître à penser au risque de le confondre avec ses propres incohérences.


Le confinement a fait flirter la plupart d’entre nous avec une palette d’émotions : de la tristesse à la joie, de la peur à l’amour, de l’incompréhension à l’indifférence, de la colère à l’abattement.


Cette période hautement singulière nous a permis de mettre en exergue nos imperfections, de ne pas nous reconnaître parfois, voire de nous détester, oubliant trop vite que nous sommes tous des êtres en devenir, avec le choix ou non d’aller à la rencontre de soi, côtoyer ainsi ses parts d’ombre et de lumière et s’aimer ainsi.


C’est peut-être dans cet accueil du ET que nous pourrons faire l’expérience de notre humanité et comprendre que nous pouvons être, comme le dit si bien le titre du magnifique ouvrage du Docteur Christophe André, psychiatre, « Imparfait, libre et heureux » !

Marie-Laure Ferrari therapeuthe angouleme developpez-vous.com Favicon